La cure thermale au service du bien vieillir

Mobilité, douleurs chroniques, obésité, polymédication… Si le vieillissement de la population représente une avancée sociale et un progrès de la médecine considérables, il est également un enjeu de santé publique, sanitaire, financier et sociétal. Nous n’avons jamais vécu aussi longtemps. Au cours des 60 dernières années, l’espérance de vie en […]

Mobilité, douleurs chroniques, obésité, polymédication… Si le vieillissement de la population représente une avancée sociale et un progrès de la médecine considérables, il est également un enjeu de santé publique, sanitaire, financier et sociétal.

Nous n’avons jamais vécu aussi longtemps. Au cours des 60 dernières années, l’espérance de vie en France a gagné 14 ans et on estime que 16,4 % de la population aura plus de 75 ans en 2050. Avec 65 % des curistes âgés de plus de 60 ans et 35 % de plus de 70 ans, la médecine thermale a su prendre en charge cette population et intégrer les enjeux du « bien vieillir », de la douleur à la prévention.

Soulager les douleurs liées à l’âge

Arthrose, lombalgies, sciatiques, rhumatismes…
Avec l’âge, les douleurs rhumatologiques deviennent fréquentes. 10 millions de Français sont concernés par l’arthrose, dont 65 % des plus de 65 ans, et 80 % des plus de 80 ans. Nombreux sont ceux qui viennent trouver une réponse dans la médecine thermale : 79 % des curistes ont une prescription avec la rhumatologie comme orientation principale. Effectivement, la chaleur a un effet sédatif et décontracturant qui, associée à la pression hydrostatique, vient soulager la douleur et renforcer le tonus musculaire et articulaire. L’étude ThermArthrose qui compare des patients ayant suivi une cure et des patients ayant suivi des traitements habituels en témoigne. Le résultat : 50,8 % des patients ayant fait une cure ont atteint un état d’amélioration important et la diminution de la douleur après 9 mois était 3 fois plus importante dans le groupe ayant fait une cure que dans le groupe témoin. Sortir du cycle douleur/traitement antalgique permet aux patients de retrouver de la mobilité et une activité physique dynamisée avec une réduction, dans les mois qui suivent, de leur consommation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, ou des actes cliniques, imagerie, etc.

Prévenir le vieillissement

Au-delà des pathologies auxquelles le patient âgé est particulièrement exposé, comme le cholestérol, le diabète, les problèmes rhumatologiques ou digestifs,
d’autres facteurs de fragilité viennent augmenter sa vulnérabilité comme le surpoids, l’ostéoporose, la perte musculaire, les troubles du sommeil, ou de l’alimentation par exemple. Le Professeur Bruno Vellas, gériatre du CHU de Toulouse identifie trois catégories de seniors :

  • ceux qui sont en bonne santé et robustes ;
  • les personnes âgées dépendantes ;
  • les personnes fragiles. Cette catégorie constitue un stade précoce de la cascade de dépendance caractérisée par un début du déclin fonctionnel.

Pour anticiper, voire repousser cette fragilité, la prévention est indispensable et doit s’établir le plus tôt possible. À travers une démarche pluridisciplinaire, la cure thermale propose une prise en charge globale, à la fois curative et préventive. Activités physiques, régime diététique, stimulation des facultés cognitives ou encore ateliers mémoire animés par les équipes thermales complètent le programme à la fois pour lutter contre le déclin cognitif mais aussi pour faciliter l’acceptation par le patient d’un changement de mode de vie durable. Les cures, prescrites majoritairement
pour soigner l’arthrose peuvent donc être l’occasion d’adopter les bons réflexes de santé pour apprendre à bien vieillir et rester en forme plus longtemps.

L’état de  fragilité consiste en un début de difficultés dans l’accomplissement de tâches élémentaires et qui peuvent être réversibles en intervenant de manière ciblée. Pour identifier cet état, plusieurs symptômes avant-coureurs, selon Linda Fried, gériatre et épidémiologiste américaine, doivent alerter le médecin :
• une perte de poids involontaire ;
• un épuisement ressenti par le patient ;
• une vitesse de marche ralentie ;
• la baisse de la force musculaire ;
• la sédentarité.
Le patient peut être considéré comme « fragile » s’il présente trois ou plus de ces symptômes, et « préfragile » s’il en présente un ou deux. La prescription de soins thermaux pour ces premiers symptômes va permettre de consolider l’organisme et ainsi faire reculer le risque de « cascade de la perte d’autonomie ».

Prolonger la mobilité et prévenir les chutes

Les troubles de l’équilibre, la baisse de la densité osseuse*, les carences en vitamine D, l’ostéoporose ou encore la perte musculaire sont des facteurs qui peuvent augmenter le risque de chute ou leur gravité.
À terme, elles peuvent plonger les patients dans un cercle vicieux qui augmente sa fragilité, l’expose à la perte d’autonomie et à la diminution du lien social. Les cures thermales, effectuées régulièrement, permettent de renforcer la masse osseuse et le maintien de l’équilibre. Il a été constaté que les personnes ayant effectué une dizaine de cures pour l’arthrose, à base de bains et
d’application de boues, ont une masse osseuse supérieure à celles qui en ont effectué entre 3 et 10. D’autres études** quant à elles établissent les apports de la crénothérapie sur l’équilibre des
personnes âgées.
Les soins sont combinés à un programme d’exercices et des activités à l’extérieur qui, poursuivis à la maison, permettent au patient de reprendre une activité physique souvent plus intense. Ces activités agissent sur l’endurance respiratoire, le maintien de la masse musculaire et sur la dépression et les fonctions cognitives. L’étude TCAP*** démontre notamment un accroissement significatif du niveau d’activité physique chez les personnes âgées un an après la cure.
Mais parfois, la chute n’a pas pu être évitée et la fracture non plus… Passé 50 ans, les fractures ostéoporotiques sont notamment très fréquentes, en particulier chez les femmes : entre 2,5 et 3,5 millions d’entre elles sont atteintes en France. La prise en charge de l’ostéoporose intègre largement la dimension de prévention, après une analyse de risque chez le patient.

À noter :
La cure thermale dans l’orientation rhumatologie peut accueillir les patients souffrant de séquelles suite à une fracture ostéoporotique. Les soins hydrothermaux vont agir sur les douleurs et la mobilité, et l’éducation thérapeutique améliorera les connaissances du patient en termes d’apports alimentaires, de conseils et d’informations en matière de posture et de prévention.

Réduire la consommation de médicaments

La consommation de médicaments fait également partie des enjeux liés au vieillissement. La prise en charge des douleurs chroniques coûte plus de 100 milliards d’euros à l’Assurance maladie et les séniors sont particulièrement touchés par la polymédication. On compte en moyenne 14 médicaments différents pris de manière continue chez cette population****. On retrouve notamment des psychotropes, anti-diabétiques ou encore des antihypertenseurs. La durée de la cure thermale et l’amélioration des douleurs permettent d’agir sur la consommation de médicaments du patient. L’étude SPECTh***** (sevrage psychoéducatif en cure thermale) met en évidence cet effet vis-à-vis de la dépendance aux benzodiazépines. Elle montre que 80 % des patients étudiés ont réduit leur consommation de moitié pendant la cure et 41 % ont arrêté totalement les benzodiazépines 6 mois après la cure.

*La médecine thermale – Données scientifiques, Pr. Patrice Queneau, Pr. Christian Roques, Chapitre 21, Ostéoporose, par L. Grange, La médecine thermale, Données scientifiques, France, 2018 **Devreux K, Robertson D, Briffa NK, Effects of a water-based program on women 65 years and over : a randomised controlled trial. Austr J Physiother, 2005 
***Thermalisme en cure et activité physique, AFRETh (afreth.org/
docprojet/doc-suivi/Article %20TCAP.pdf)
****Étude Santéclair, 2017
*****Étude SPECTh, AFRETh, 2014